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Pleins feux sur la recherche avec Mme Kathleen Pichora-Fuller, PhD, professeure émérite, Département de psychologie, Université de Toronto; professeure associée, Département de gérontologie, Université Simon Fraser; scientifique associée, Institut de recherche Rotman, Baycrest, Toronto; chercheuse affiliée, Wavefront Centre for Communication Accessibility, Vancouver.

Au cours des dernières années, des recherches ont démontré que les déficiences sensorielles augmentent le risque que les personnes âgées développent des problèmes de santé physique, comme les chutes, ou des problèmes psychologiques, notamment la dépression ou la démence. Ces recherches ont permis de mettre en lumière l’importance de l’audition et de la vision pour un vieillissement en bonne santé.

On constate un vieillissement démographique alors que la génération des baby-boomers atteint l’âge de la retraite. Les données de Statistique Canada pour 2019 indiquent qu’environ 6,5 millions de personnes sont âgées de 65 ans et plus au Canada, ce qui représente 17,5 % de la population. La proportion des aînés dans la population devrait doubler d’ici 2025. Professeure Pichora-Fuller a travaillé avec une équipe de chercheurs qui a examiné les taux de perte d’audition et de vision en utilisant les données de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement. L’équipe a constaté qu’environ la moitié des 30 000 Canadiens qui ont été testés dans le cadre de l’ÉLCV présentaient une perte auditive à l’âge de 75 ans et environ la moitié présentaient à la fois une perte auditive et visuelle à l’âge de 85 ans (Mick et coll., 2020)[i].

« Je suis devenue professeure émérite en 2020, et je me réjouis de poursuivre mes recherches sur le vieillissement sensoriel en tant que chercheuse, mais aussi en tant que membre du groupe faisant l’objet de ces recherches », affirme professeure Pichora-Fuller, qui détient une formation d’audiologiste et un doctorat en psychologie.

Mme Pichora-Fuller crée un pont entre la recherche fondamentale en laboratoire sur le vieillissement sensoriel et cognitif et la recherche appliquée en réadaptation et en accessibilité pour les personnes âgées dans des contextes cliniques, communautaires et spécialisés comme les soins de longue durée. Son travail s’est élargi pour inclure de nouvelles questions portant sur la manière dont le vieillissement sensoriel et cognitif affecte et est affecté par des facteurs sociaux comme la stigmatisation et le soutien social.

« En travaillant avec des aînés et des experts interdisciplinaires, il est devenu évident que je devais en apprendre davantage sur la façon dont la perte auditive, combinée à d’autres changements liés à l’âge, comme la perte de vision, affecte la communication et de nombreux aspects de la santé et de la qualité de vie », explique professeure Pichora-Fuller.

« À part les patients rencontrés à la clinique ou des participants rencontrés dans le cadre de recherches, j’ai beaucoup appris sur la double perte sensorielle acquise par des expériences vécues avec ma mère dans les dernières années de sa vie. Atteinte de la maladie de Parkinson, elle était confrontée à une combinaison de problèmes d’audition et de vision, ainsi qu’à des problèmes de mobilité et de cognition. Cette combinaison l’empêchait de vivre de façon autonome dans sa propre maison.

Selon l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), 22 % des aînés en soins à domicile et en soins de longue durée en Ontario ont déclaré vivre avec une perte combinée de la vue et de l’ouïe, soit 70 080 personnes[ii]. Les recherches menées par Mme Pichora-Fuller et une équipe interdisciplinaire ont révélé qu’environ 1/5 des bénéficiaires de soins à domicile et 1/3 des résidents des soins de longue durée souffraient d’une perte combinée de l’ouïe, de la vue et des fonctions cognitives. Les personnes atteintes d’une double perte sensorielle et cognitive avaient plus de difficultés à communiquer et à fonctionner dans leurs activités quotidiennes que celles qui souffraient uniquement d’une perte cognitive (Guthrie et coll., 2018)[iii].

Comme nous l’avons réalisé avec la COVID-19, les résidents des soins de longue durée ont de très grands besoins en matière de communication et d’interaction sociale; une double perte sensorielle exacerbe ces besoins. Je sais combien il est important de trouver des moyens de surmonter la double perte sensorielle, en particulier dans ce sous-groupe plus âgé », ajoute Mme Pichora-Fuller.

Selon la professeure Pichora-Fuller, « l’une des principales conclusions de la recherche sur le vieillissement souligne qu’il se traduit par des pertes et des gains chez les gens qui vieillissent. Trop souvent, il semble que la recherche sur le vieillissement ne porte que sur les pertes. J’ai été agréablement surprise que certaines de mes recherches aient mis en évidence des gains en capacités que les personnes âgées peuvent employer à leur avantage.

Nos recherches en cours visent à trouver des moyens de renforcer la compensation en contrebalançant les pertes par des gains chez les personnes âgées présentant une double perte sensorielle acquise. En particulier, nous développons des interventions visant à promouvoir une vision positive du vieillissement. Les personnes qui considèrent le vieillissement de façon plus positive ont de meilleurs résultats dans de nombreux aspects de la santé. Cependant, nous savons peu de choses sur la façon dont le changement de ces attitudes pourrait devenir un atout pour les personnes qui vivent avec une double perte sensorielle. Il s’agit de nouvelles possibilités pour découvrir comment les personnes souffrant de problèmes sensoriels peuvent vieillir de manière optimale. »

Professeure Pichora-Fuller a joué un rôle crucial pour favoriser le réseautage du Service ontarien de la surdicécité. Cette contribution a donné lieu à des présentations sur la surdicécité congénitale et acquise, ainsi que sur les défis et les approches en matière de communication, offertes aux étudiants des premier et deuxième cycles du cours Exceptionality in Human Learning de l’Université de Toronto depuis janvier 2017.

L’engagement du Service ontarien de la surdicécité à offrir une grande qualité de vie aux personnes atteintes de surdicécité est ancré dans nos valeurs. Nous coordonnons des recherches sur ce handicap particulier, en utilisant les données recueillies pour améliorer les services offerts aux personnes que nous soutenons et en établissant des partenariats avec d’autres organismes communautaires. Pour plus d’information, visitez deafblindontario.com.

[i] Mick, P. T., Hämäläinen, A., Kolisang, L., Pichora-Fuller, M.K., Phillips, N., Guthrie, D. M., et Wittich, W. (sous presse 2020). The prevalence of hearing, vision, and dual sensory loss in older Canadians: An analysis of data from the Canadian Longitudinal Study on Aging. Revue canadienne du vieillissement. PAP 17 juin 2020 https://doi.org/10.1017/S0714980820000070

[ii] Système d’information sur les soins de longue durée (SISLD) et Système d’information sur les SD (SISD), Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

[iii] Guthrie, D., Davidson, J.G.S., Williams, N., Campos, J., Hunter, K., Mick, P. T., Orange, J. B., Pichora-Fuller, M. K., Phillips, N., Savundranayagam, M., et Wittich, W. (2018). Combined impairments in vision, hearing and cognition are associated with greater levels of functional and communication difficulties than cognitive impairment alone: An analysis of interRAI data for home care and long-term care recipients in Ontario. PLoS ONE, 13(2): e0192971. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0192971

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