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Journée mondiale de sensibilisation à l’accessibilité – Un premier pas vers l’inclusion numérique

Les plateformes de vidéoconférence comme Zoom abolissent la distance, facilitant l’inclusivité des réunions, des rassemblements et des événements dans le monde. Mais la médaille a un revers : les personnes qui communiquent en utilisant la langue des signes s’en trouvent désavantagées.

Barb Downey, responsable des services communautaires du Service ontarien de la surdicécité à Peterborough, en sait quelque chose. « Puisque l’ASL est ma langue première, je ne peux pas participer pleinement à une réunion virtuelle sans l’accompagnement d’un ou d’une interprète, je n’ai que le clavardage sinon », explique-t-elle par l’intermédiaire d’un interprète.

La langue des signes américaine (ASL) est une langue visuelle présentant les mêmes propriétés linguistiques que les langues parlées, mais dont la grammaire diffère de l’anglais. L’interprète anglais de l’ASL est une personne formée pour traduire entre l’anglais parlé et l’ASL. Son intervention permet une communication efficace entre les personnes sourdes ou malentendantes et la population entendante. La Loi canadienne sur l’accessibilité reconnaît l’ASL, la langue des signes québécoise (LSQ) et les langues des signes autochtones comme langues principales de communication des personnes sourdes au Canada

Dans une réunion virtuelle, bien voir l’interprète est conditionnel à la communication. « Pour ma part, j’ai trouvé les rassemblements de dix personnes ou moins plus accessibles que les grands groupes, souligne Mme Downey. Il est alors plus facile, sur Zoom, d’épingler ou de mettre en évidence l’interprète tout en gardant visibles les interactions des autres personnes dans la réunion. Mais dans les réunions à grand déploiement, il y a souvent quelques pages de vignettes à défiler. Si une personne ne se nomme pas, il peut être ardu de savoir qui parle. »

« C’est difficile aussi lorsqu’une personne en interrompt une autre, poursuit-elle. L’interprète a alors du mal à rapporter tous les propos tenus. Je risque donc de rater de l’information pertinente, chose qui se produit également lorsqu’il y a des problèmes techniques ou un décalage entre le son et l’image. C’est un véritable obstacle communicationnel. »

Le jeudi 19 mai 2022 marquera la 11e Journée mondiale de sensibilisation à l’accessibilité (#GAAD), qui sert à ouvrir les yeux sur l’inclusion et les difficultés d’accès numérique (Web, mobile, logiciel, etc.) vécues par plus d’un milliard de personnes aux capacités variables dans le monde entier. Au Canada, plus de 1,3 million de personnes, soit 5 % de la population âgée de 15 ans et plus, ont une déficience auditive.

« L’accès aux services Internet devrait être universel – visualiser le contenu numérique, prendre les nouvelles, acheter des biens et services ou participer à un rassemblement virtuel. Essentiellement, pour les personnes sourdes ou malentendantes, il s’agit d’avoir un accès égal à l’information », affirme Roxanna Spruyt-Rocks, qui est à la tête du Service ontarien de la surdicécité.

« La technologie a largement contribué à combler le fossé de la communication des personnes sourdes. Cependant, on peut en faire plus encore pour améliorer l’inclusivité des réunions et des événements virtuels », estime Mme Downey.

Selon elle, on pourrait, pour contribuer à l’accessibilité des réunions, les ponctuer de pauses fréquentes. « La population entendante peut se permettre de détourner le regard de l’écran tout en restant à l’écoute. Ce n’est pas le cas d’une personne sourde, qui doit rester concentrée et garder les yeux à l’écran. Les longues réunions peuvent alors devenir épuisantes et entraîner de la fatigue oculaire. »

« Une autre stratégie est d’éviter le partage d’écran prolongé. L’écran partagé prend beaucoup de place, rétrécissant d’autant la vignette de l’interprète visuel. Transmettre au préalable le contenu de la réunion ou de l’événement aidera également », continue Mme Downey.

« Il est important aussi de regarder la personne sourde en lui parlant directement. Ce n’est pas à l’interprète qu’il faut s’adresser : celui-ci n’est là que pour relayer l’information. Il ne participe pas à la conversation », conseille Mme Spruyt-Rocks.

« Le monde numérique transforme beaucoup notre société, et a indéniablement une influence sur notre quotidien. Il ne faut pas, dans ce contexte, oublier les gens atteints d’un handicap, que celui-ci soit visible ou non. Il y a encore des obstacles à l’inclusivité en ligne, mais la Journée mondiale de sensibilisation à l’accessibilité est un beau pas en avant vers l’inclusion. »

Pour obtenir de l’information sur les services d’interprète, visitez le www.deafblindontario.com/sensory-loss-2/communication-methods/?lang=fr

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