Nous sommes heureux de souligner le travail et les réalisations de M. Walter Wittich, Ph. D., FAAO, CLVT, un pionnier de la recherche canadienne dans le soutien aux personnes atteintes de surdicécité.
« Je ne suis pas une personne malvoyante ni malentendante, et je ne fais pas partie de la communauté des personnes atteintes de surdicécité. Cependant, je veux informer les personnes atteintes de surdicécité et être informé par elles », déclare Walter Wittich.
La surdicécité est la perte combinée du sens de l’ouïe et de la vue qui affecte l’accès à l’information, la communication et la mobilité. Environ 466,420 personnes au Canada, soit plus d’un pour cent de la population, sont atteintes de surdicécité.
Walter Wittich est professeur adjoint à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal. Il s’est d’abord intéressé à la perte de vision liée à l’âge, et mène maintenant des recherches sur la double perte sensorielle et la surdicécité. Ses domaines de recherche comprennent la science sensorielle de base, ainsi que les approches médicales, psychosociales et réadaptatives de la perte sensorielle.
Après une carrière de 15 ans comme danseur de ballet professionnel, M. Wittich est retourné aux études pour terminer son diplôme de premier cycle en psychologie. Lors d’un cours de méthodologie, il a rencontré la professeure Olga Overbury qui étudie la perte de vision liée à l’âge. Leur sens de l’humour commun a motivé le M. Wittich et les deux ont travaillé en étroite collaboration alors qu’elle supervisait son projet de baccalauréat.
« Après ma maîtrise, une deuxième carrière en recherche a piqué ma curiosité… J’ai décidé de faire un doctorat en neurosciences à McGill. Ma thèse portait sur la perte de vision périphérique et la réponse du cerveau à la perte de vision périphérique. J’ai interviewé plusieurs personnes atteintes du syndrome d’Usher, qui se caractérise par une perte partielle ou totale de la vision et une perte auditive qui s’aggrave avec le temps. À ce moment-là, j’ai senti que j’avais besoin d’explorer la perte auditive, alors j’ai demandé une bourse de recherche postdoctorale en audiologie. »
Après avoir travaillé comme chercheur et coordonnateur de recherche à temps partiel pendant deux ans, M. Wittich a été embauché par l’Université de Montréal, où il est actuellement professeur adjoint à l’École d’optométrie.
« Ma recherche vise à améliorer la capacité fonctionnelle, la participation sociale et la qualité de vie des personnes ayant une déficience visuelle ou auditive ou les deux. De plus, je m’intéresse à la façon dont ces déficiences combinées influencent l’utilisation d’appareils fonctionnels, la stigmatisation liée aux technologies d’aide et les interactions entre l’utilisateur de l’appareil, le fournisseur de services de réadaptation et l’appareil lui-même », explique M. Wittich.
Wittich note que la communication est une partie importante de l’expérience de travail avec les personnes atteintes de perte sensorielle. Il y a quelques années, il a commencé à apprendre l’American Sign Language (ASL), qu’il décrit comme étant semblable à l’apprentissage d’une chorégraphie de ballet.
« J’ai fait une présentation à Winnipeg il y a quelques années. J’ai signé “ravi de vous rencontrer” dans la paume d’une femme atteinte d’une double perte sensorielle tardive. Bien que je ne communique pas couramment en ASL, c’est la première fois que j’ai pu me présenter de cette façon. C’était magique pour elle aussi, en tant que membre de l’auditoire. »
Le travail de M. Wittich sur la réadaptation des personnes âgées présentant une perte combinée de la vision et de l’ouïe a mis en lumière le contraste entre les perceptions de la perte sensorielle et les réalités.
En Ontario, on estime que 147 736 personnes sont atteintes de surdicécité. Chaque an depuis les trois dernières années, 22 % des personnes âgées qui reçoivent des soins à domicile et des soins de longue durée en Ontario ont déclaré vivre avec une perte combinée de la vue et de l’ouïe, soit 70 080 personnes.
Une perte combinée de l’audition et de la vision, ou le déclin de ces sens, affecte la communication et peut conduire à l’isolement social. De plus, une perte de vision ou d’audition augmente le risque de démence chez les personnes âgées. « Il y a beaucoup à faire et à apprendre en ce qui concerne la double perte sensorielle et la démence », affirme le professeur Wittich.
Pour les personnes souffrant de perte sensorielle, le vieillissement peut poser d’autres défis. Par exemple, dans le cas d’une personne qui communique avec le langage des signes, l’apparition de l’arthrite peut créer un obstacle. « Nous devons mieux préparer les professionnels qui travaillent avec ces personnes… pas seulement les interprètes tactiles, mais les autres fournisseurs de soins de santé comme les infirmières et même les dentistes. »
Au début de 2017, le Service ontarien de la surdicécité a établi un partenariat de collaboration avec M. Wittich à titre d’adjoint de recherche afin de tirer profit des caractéristiques uniques des communautés de personnes atteintes de surdicécité et de double perte sensorielle liée à l’âge, d’appuyer les objectifs stratégiques du Service ontarien de la surdicécité et de trouver des moyens créatifs de renforcer notre capacité de recherche et notre durabilité.
« Je suis inspiré par la résilience des personnes avec lesquelles je travaille; celles qui sont touchées par une perte sensorielle et celles qui travaillent sur le terrain… J’ai rencontré tant de personnes aimables et je sens que nous partageons le même esprit. Je suis motivé à poursuivre mes recherches et à exprimer les besoins des personnes qui sont invisibles et inaudibles. »
Wittich a publié 87 articles évalués par des pairs, principalement sur la déficience visuelle, la basse vision et la double déficience sensorielle, accordant ainsi une visibilité bien nécessaire à ce domaine à l’échelle nationale et internationale. Il est chercheur résident à la fois au CRIR/Centre de réadaptation Lethbridge-Layton-Mackay du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal et au CRIR/Institut Nazareth et Louis-Braille du CISSS de la Montérégie-Centre.
Nous sommes fiers que M. Wittich soit le co-chef de file du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV) Équipe 17 — laquelle se concentre sur les interventions à l’interface sensorielle et cognitive et sur les implications pour la communication et la qualité de vie — avec un groupe de 8 professionnels dans le domaine de la vision, de l’audition et de la cognition provenant d’universités de partout au Canada.
L’engagement du Service ontarien de la surdicécité à offrir une grande qualité de vie aux personnes atteintes de surdicécité est ancré dans nos valeurs. Nous coordonnons des recherches sur ce handicap particulier, en utilisant les données recueillies pour améliorer les services offerts aux personnes que nous soutenons et en établissant des partenariats avec d’autres organismes communautaires.
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